Bientôt 10 milliards d'habitants ?

La population mondiale augmente plus que prévu

(Bild: stock.adobe.com)

Selon une nouvelle étude, le scénario le plus "réaliste" pour l'évolution sociale, économique et climatique de la planète prévoit que plus de dix milliards de personnes vivront sur terre vers 2065. Il est intéressant de noter que le niveau d'éducation globalement plus élevé fera moins baisser le nombre de naissances que prévu dans certaines régions du monde.

A condition que le réchauffement de la planète ne rende pas de nombreuses régions plus ou moins inhabitables, tout indique que la Terre abritera plus de dix milliards d'habitants pendant un certain temps au moins. Cela ne constitue pas en soi une raison de paniquer, a expliqué la chercheuse Anne Goujon : "Ce n'est pas le nombre d'humains qui me fait peur, mais ce qu'ils font". Si le monde parvient d'ici là à vivre de manière plus durable, plus innovante, plus communautaire et plus respectueuse de l'environnement, c'est faisable. "Je crois en l'intelligence de l'homme", conclut-elle.

Dans un document de travail, les scientifiques de l'Institut international d'analyse systémique appliquée (IIASA) de Laxenburg, près de Vienne, et du Wittgenstein Centre for Demography and Global Human Capital (WIC) de Vienne ont révisé pour la deuxième fois leurs prévisions, déjà établies en 2013, concernant l'évolution de la population mondiale après 2018. Dans le travail récemment publié, intitulé "WIC2023", de nouvelles données démographiques, éducatives ou migratoires ont été intégrées, ainsi que les effets de la pandémie Covid 19 ou de la guerre en Ukraine.

Différents scénarios
Pour ses calculs, l'équipe s'est inspirée des "Shared Socioeconomic Pathways" (SSPs) dans lesquels le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) décrit différentes voies de développement jusqu'en 2100, qui conduisent à différentes concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Dans ce travail, on part du scénario le plus probable du point de vue actuel - appelé "voie moyenne", "poursuite du développement actuel" ou "SSP2" - dans lequel la répartition des revenus continue de diverger à l'échelle mondiale, la coopération internationale ne s'améliore que légèrement, la situation environnementale continue de se dégrader en conséquence et la population mondiale croît modérément. Toutefois, il existe également d'autres scénarios dans lesquels le monde reste sur la "voie fossile", ce qui signifierait un réchauffement nettement plus important de la planète et une diminution significative de la population mondiale.

Point culminant prévu pour 2080
Selon les démographes, dans l'hypothèse SSP2, la population mondiale, estimée actuellement à un peu plus de huit milliards d'habitants, connaîtrait une augmentation certes moins forte, mais durable. Entre 2065 et 2070, la planète compterait pour la première fois un peu plus de dix milliards d'habitants. Le point culminant de cette évolution se situerait entre 2080 et 2085, avec environ 10,13 milliards de terriens. D'ici la fin du siècle, il faudra compter avec une diminution à environ 9,88 milliards d'habitants. L'Asie compterait alors près de 4,5 milliards d'habitants, l'Afrique plus de 3,5, l'Europe 671 millions, l'Amérique latine et l'Amérique du Nord respectivement 669 et 450 millions et l'Océanie 62 millions. Ces valeurs sont donc largement supérieures aux prévisions de 2013.

La mortalité infantile recule
Les différences relativement importantes par rapport aux prévisions antérieures s'expliquent surtout par le fait que dans de nombreux pays du Sud, la mortalité infantile a heureusement pu être réduite plus que prévu. En Afrique australe, par exemple, c'est "le résultat des campagnes de vaccination, de l'aide internationale et de l'amélioration de l'hygiène", explique la démographe. De plus, on s'attendait à ce que les taux de natalité baissent plus fortement que ce qui a été observé récemment, en raison de la tendance à l'augmentation du niveau d'éducation dans beaucoup de ces pays. Dans certains pays, il y a eu peu de changements : "Nous ne l'avions pas prévu". En 2017, par exemple, un recensement a été effectué au Pakistan pour la première fois depuis les années 90.